lundi 16 novembre 2015

"Mais maman les terroristes ça tue pas des enfants ?"


" Les  enfants, il y a encore eu des terroristes à Paris "

"Ah bon mais y a pas eu de morts ? "

" Si mes chéris "

"Beaucoup ? "

"Oui ..."

C’est ainsi qu’a commencé la journée de samedi chez nous et sans doute chez beaucoup d’entre vous…

On dirait d’ailleurs qu’après cette nuit de drame, le ciel parisien était en deuil…

Nous avons décidé de rester à la maison hormis la traditionnelle sortie "courses" du samedi. 

En tant qu’adultes, nous sommes abasourdis, choqués, tour à tour collés à nos écrans de smartphone pour suivre les dernières actus ou zappant entre les chaines d’actus.

Mais les enfants sont là et ils sentent ce climat de tension tout en continuant leur petite vie.

On leur en parle un peu mais la plupart du temps nous essayons de ne pas leur montrer les images horribles, de leur éviter de trop comprendre…

Pour ne pas raviver une peur qui a déjà sévi en janvier dernier, pour ne pas non plus leur montrer que les choses vont mal…

Lui : "Mais Maman les terroristes ils ne viennent pas dans les écoles ?"

Elle : " Mais non voyons dans les écoles y a que des enfants, ça les intéresse pas…"

Lui : " Non y a des adultes aussi dans les écoles "

Elle : "Oui mais ce sont des maîtresses "

Lui :" Mais tu sais ils ont un cœur de pierre "

Elle : "Non, quand même pas je pense qu’ils ont un petit peu de cœur… "

Lui : "Non je ne crois pas..."

Un enfant de 9 ans qui commence à comprendre le monde, qui est en route vers l’autonomie et une fillette de 6 ans encore proche de la petite enfance qui n’imagine pas ce que cela veut dire que d’être tué ainsi dans la rue…

Mais ce sont aussi deux enfants qui sont parisiens, qui vivent dans cette ville et pour qui elle était un refuge.

Et pourtant, demain il va falloir retourner à l’école, ils vont certainement tous être au courant, ils vont en parler ensemble ou avec les enseignants.

Il y aura peut-être encore les drapeaux en berne, une minute de silence et des militaires et policiers partout.

Et il y aura des questions encore et encore car pour eux, cette ambiance va faire partie de leur quotidien. 

Ils ont 6 et 9 ans et ont déjà connu deux séries d’attentats dans leur pays, dans leur ville...

Leurs questions sont parfois déroutantes, tellement qu’on ne sait pas toujours comment y répondre.

Et pourtant, ils ont leur propre analyse et aussi leurs angoisses.

Alors que les médias se focalisent sur le bilan épouvantable du Bataclan, mon fils s’inquiète de ce qu’il connait et c’est ce qui s’est passé au stade de France qui l’interroge le plus.
C’est pour lui concret : il a suivi le match France-Allemagne et est déjà allé à un match.  

Pour lui c’est un lieu de fête et c’est très angoissant de savoir que des terroristes peuvent y pénétrer. 

Il nous interroge sur notre propre expérience aussi : est-ce que vous êtes déjà allés au match vous ? C’était quoi ? Derrière ces mots, il y a une question simple : « Est-ce que vous aussi vous aviez peur d’aller voir un match quand vous étiez plus jeunes ? ».

Et tout à l’heure, en pleine matinée dominicale : « Et puis maman de toutes façons les terroristes y attaquent que la nuit ? »

Nombreux magazines ou sites ont prévu des cahiers spéciaux pour expliquer les attentats aux enfants mais combien sont capables de comprendre comment on peut vivre ces drames quand on a entre 5 et 12 ans ?

Est-ce que nos enfants auront peur de sortir boire un verre ? Est-ce que nous leurs parents allons trembler pour eux longtemps ? 

J’avais commencé à laisser notre fils descendre à la boulangerie juste en bas de chez nous pour acheter le pain. Il nous réclame depuis quelques temps de pouvoir aller à l’école tout seul. Il est prêt et sa demande est légitime…

Mais franchement, je n’ai pas envie de le laisser seul une minute au vu des derniers événements …

Nous sommes face à de nouvelles interrogations, les mêmes que celles que se posent tous les pays en guerre ou menacés par le terrorisme…

Comment allons-nous vivre avec ça dans les jours prochains ?

Que va-t-on leur dire à l’école ? Il est certain que toutes les sorties vont être annulées, les spectacles. 

Demain les miens ont la photo de classe et ils ont mis du coeur ce soir à choisir leurs vêtements. Ils se feront beaux demain matin et ils auront ce même sourire chaleureux que d'habitude.

Les enfants sont forts, ils vont s’adapter mais les enfants sont précieux et il faut les accompagner car ce drame n’est pas perçu de la même façon par eux.

C’est aussi leur monde d’enfant qui est ébranlé et les prochains jours risquent d'être pour eux sujets à questions.




5 commentaires:

Thaly a dit…

Ou est le bouton Like :-)
Très beau texte :-)

Anonyme a dit…

<3

corinne a dit…

il fut un temps ou les enfants étaient innocents.... le terrorisme nous a volé ça aussi

Tya a dit…

Ils sont aussi notre avenir, cet espoir où l'on peut espérer qu'adultes ils vivront dans un monde plus juste, plus humain et plus doux !

appelez moi Madame a dit…

Ici nous avons eu de la chance au milieu de ce grand malheur car il était prévu depuis longtemps qu'il n'ait pas classe lundi et mardi. Mes parents sont arrivés dimanche spécialement pour le garder. Du coup samedi on a parlé, parlé, parlé. Tout allait "bien" jusqu'à ce qu'il retourne à l'école mercredi toute la journée et qu'il ait peur car ses copains de classe, qui avaient regardé la télé, lui ont dit qu'il en restait deux. Il s'est senti trahi... je lui ai ensuite expliqué que son papa n'avait pas pu aller travailler car justement les policiers étaient en train d'arrêter ces deux derniers terroristes à St Denis. Beaucoup d'infos en peu de temps pour les grands alors à 7 ans je n'ose imaginer dans sa tête....