lundi 8 janvier 2018

Evidemment…



Je ne suis pas une groupie, je n’aime pas forcément pleurer les artistes qui nous quittent car nous avons déjà bien assez de proches qui disparaissent pour ne pas tomber dans l’excès de pleurer des gens qu’on ne connaissait qu’à travers le prisme de leur œuvre.

Alors ce ne sera pas ici un texte larmoyant, ce serait déplacé vis-à-vis de sa famille et de ceux qui l’ont vraiment connu mais plutôt l’envie de raconter pourquoi j’ai aimé France Gall et pourquoi j’avais envie d’en parler ici.

France Gall avait l’âge de mes parents qui l’ont vu grandir en même temps qu’eux, l’une de ces idoles iconiques des Yéyé qui évoquaient ce vent de liberté de leur jeunesse.

Je ne l’ai pas connue de cette manière. France Gall est rentrée dans ma vie par son engagement en faveur de l’Afrique.

Je me souviens de la fin des années 80 où un vent de solidarité semblait traverser la France : les Restos du cœur de Coluche, SOS Racisme et la famine en Afrique.

En primaire, nous découvrions avec horreur les petits africains aux ventres gonflés, aux yeux vides, des petits comme nous et pourtant si différents. On nous demandait alors de rapporter des sacs de riz et je me souviens d’une mobilisation sans faille. Il y avait beaucoup d’entrain, l’envie d’aider. On ne posait même pas la question de la manipulation, personne ne disait « Oui bah je ne le ferai pas car on est déjà bien assez malheureux en France comme ça »… Non la mobilisation venait de partout toutes confessions confondues au rythme de la chanson pour l’Afrique, Ethiopie, ou de Usa for Africa.

Michel Berger ou France Gall était le couple emblématique de cette période, sorte de forces tranquilles habités par leur projet.

France Gall, je l’ai connue avec Babacar et Ella elle l’a. J’ai aimé sa beauté blonde et dynamique, j’ai aimé son timbre de voix et son sens du rythme, j’ai aimé son énergie. Avec elle, j’ai découvert la musicalité qui m’a éloigné des chansons pour enfants qui me berçaient jusqu’alors.

Malgré sa blondeur diaphane, elle n’a jamais été une de ses femmes qui nous touchent par sa douceur, une de ses femmes qu’on avait envie de protéger mais plutôt une battante, l’emblème de la femme moderne, faisant toujours front.

Il faut dire qu’elle a tourné les têtes de tous les hommes qu’elle a côtoyés, qu’elle n’avait pas sa langue dans sa poche. Sa voix si frêle et cristalline quand elle chantait se révélait cassante et dure quand elle parlait. Elle ne cherchait pas à gagner la sympathie mais plutôt le respect, l’envie d’exister par elle-même.

Et elle y a parfaitement réussi car elle n’a jamais quitté le cœur des gens qu’elle a touchés.
Ses chansons tout comme sa vie ont été marquées par le sceau du vrai et c'est sans doute cela qui a touché autant.

Il ne s’est pas passé une journée depuis cette période où je n’ai fredonné une chanson de France Gall.

Les jours où j’étais un peu déprimée, « Si maman si » s’installait dans ma tête. C’est une des chansons les plus tristes que je connaisse.

Pour me donner la pêche et parce que le message est fort, « Résiste » ou « Débranche »

Parce que je la trouve si joyeuse et si optimiste, « Il jouait du piano debout »

Parce que je suis nostalgique et que j’aime me souvenir du passé, « Evidemment »

Parce qu’elles ont accompagnés mon enfance « Ella elle l’a » et « Babacar »

Parce que c’est une des plus jolies chansons d’amour, « La déclaration d’amour », échange fabuleux entre un couple mythique.

Et toutes les autres car je pense en connaître la plupart.

Ce qui est marrant aussi c’est que les chansons de France Gall ont séduit mes enfants, notamment mon fils qui est très mélomane. Il a découvert la chanson « Il jouait du piano debout » à la radio et il a été tout de suite marqué alors qu’il avait peut-être 4 ou 5 ans. Il a ressenti cette même sympathie pour les chansons de Mickael Jackson ou certaines de Balavoine.  Les enfants ne se trompent pas : encore au cœur de leurs instincts, ils sont touchés par la sincérité des interprètes ou par la profondeur de la musique.

Finalement nous sommes tristes de voir disparaître un artiste que nous avons aimé mais leur vrai pouvoir est celui de ne jamais disparaître vraiment puisque nous les avons aimés à travers leurs chansons et que celles-ci restent.  Et qu’on peut les revoir ou les écouter de nouveau et se replonger dans nos propres moments de vie qui eux disparaîtront avec nous…

Quand je revois la France Gall de Babacar, je revois la petite fille de 8/10 ans qui écoutait sur son tourne-disque et en CD les chansons de la star en essayant d’en comprendre les paroles, en fredonnant des paroles au pouvoir insoupçonné et en découvrant la force d’une musique ou d’un texte.

Elle a accompagné directement ou indirectement certains moments de ma vie et continuera à le faire.






1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai furtivement rencontré France Gall et Michel Berger, nez à nez au passage d'une porte de parking à Orly Sud. C'était il y a plus de 30 ans. Je garde le souvenir d'un échange de sourires très sympathique.


Papito