lundi 16 février 2015

Je suis une fille du Faubourg


Je suis une fille des faubourgs, de ceux situés à l’Est de Paris.

Et pas n’importe quel faubourg, le Faubourg Saint-Antoine, celui qui a vu l’histoire populaire se dérouler : la Révolution Française, la Commune et de nombreuses manifestations aujourd’hui encore.

Le faubourg saint –Antoine  a longtemps été le haut lieu de l’ébenisterie française accueillant les plus grands artistes et marqueteurs dont les pièces ornent aujourd’hui les collections des musées et de quelques particuliers. 

J’ai découvert son histoire à travers la saga de Jean Diwo qui commence avec Les dames du Faubourg, un de ses livres que j’ai adoré. Cela a renforcé mon sentiment d’attachement à ce quartier.

Quelques années plus tard, j’ai lu le récit de l’ enfance de cet auteur  sur le Faubourg dans son ouvrage 249, faubourg Saint-Antoine et j’ai retrouvé chez ce monsieur décédé en 2011 à 96 ans une similitude avec mon enfance…


J’ai même eu envie de lui écrire pour partager avec lui ce sentiment commun, cette mémoire universelle alors que 65 ans nous séparait… Mais il est décédé avant.

Alors comme lui, alors que je n’y vis plus depuis des années mais que je continue d’y venir régulièrement, j’ai eu envie de partager quelques bribes, morceaux choisis de ma mémoire.

Tout Paris ouvert à moi  et pourtant c’est sur le faubourg que j’ai vécu de nombreux grands moments. Quelques centaines de mètres sur  lesquels  j’ai tant de souvenirs.

C’est sur le Faubourg Saint-Antoine que j’ai fait mes premiers trajets seule pour aller à l’école, sur cette portion que j’ai partagé la route de mes copines, ma mère, ma grand-mère ou  mes copains… C’est sur le faubourg que j’ai fait mes virées shopping (et cela n’a pas changé). J’ai tenu la main, j’ai révâssé, j’ai pesté, j’ai papoté, j’ai marché entre Nation et Bastille. Ce trajet , je pourrai le faire les yeux fermés tant je le connais.

J’ai exploré  les recoins et les passages (très nombreux). Je sais que derrière les petites portes se cachent parfois des lofts incroyables.


La plupart des immeubles du faubourg sont très anciens avec des pièces souvent biscornues…

Je me souviens de la petite libraire de la rue Trousseau, une vraie Arletty dont la boutique sentait la poussière et les journaux. Je me rappelle du Galeco, sorte de Foire Fouille que ma grand-mère adorait fréquenter et dans lequel on trouvait de la petite quincaillerie mais aussi des mini poupées vendues dans des boites en carton que je collectionnais. Il a été remplacé par une banque…

J’y retrouve encore  la boulangerie de mon enfance tenue par une jolie boulangère blonde dans laquelle j’allais chercher le pain petite ainsi que de délicieux pains au chocolat ou des Saint-Honoré.

Le Monoprix de mon enfance n’a pas bougé et j’aime toujours m’y rendre…

Dans telle bijouterie, j’ai acheté ma première chaine en or, celle que je porte encore autour du cou.

Et puis, il y a le marché d’Aligre, si caractéristique. Je détestais y aller enfant effrayée par tant de verve, de couleurs et de saveurs. Et pourtant aujourd’hui je peux en apprécier toute la richesse unique

Il y a aussi de moins en moins de magasins d’artisanat, presque plus un seul  magasin de meubles tous remplacés par des grandes enseignes.

J’ai même accouché de mon premier enfant sur le Faubourg en choisissant l’hôpital éponyme.

Aujourd’hui, j’emmène mes enfants dans le square de mon enfance, ils jouent sous le même kiosque.

Grandir sur le faubourg Saint-Antoine c’est avant tout avoir l’impression de faire partie d’un village.

Le Faubourg est en perpétuel changement : celui d’aujourd’hui est bien différent de celui que j’ai connu. Des magasins sont venus en remplacer d’autres.

Je pense qu’on ressent tous un attachement pour les lieux de son enfance et que vous avez certainement votre « faubourg ».

Pourtant, je suis heureuse d’y avoir grandi et ce lieu a contribué à faire de moi celle que je suis aujourd’hui.

Ce que je retiens du Faubourg c’est sa mixité, un endroit où l’on trouve toutes les cultures et où tous vivent ensemble. Certains diraient que c’est le temple des Bobos soucieux d’être dans le coup tout en ayant bonne conscience. C’est un peu vrai mais c’est plus que ça…

Il y a un parfum, une saveur qui ne s’expliquent pas mais qui me parlent.

Je sais que je m’y sentirais toujours un peu chez moi







5 commentaires:

Myhappy-D a dit…

moooh c'est beau ce que tu écris, on sent toute ton émotion et tes souvenirs !!!

L. a dit…

Très joli! Tu es une fille du faubourg comme je suis une fille de La Rochelle, ça prend aux tripes ;)

Isa a dit…

Très joli billet en hommage à ton quartier ...

Estelle a dit…

Très bel article !
Mon grand père maternel, né au début du siècle dernier, était ébéniste avec sa famille dans ce boulevard (d'ailleurs, l'entreprise familiale a depuis été reconvertie en un célèbre bar portant toujours le nom de notre famille)
J'ai découvert ce boulevard lors de mes études car mon école était une rue perpendiculaire. Depuis j'y reviens régulièrement et surtout j'aime me promener dans le marché d'Aligre.

Anonyme a dit…

Belle déclaration à ton quartier!