lundi 16 mars 2015

Quand ma grand-mère était...


Je ne sais pas pourquoi mais en ce moment je pense beaucoup à elle, ma grand-mère maternelle…

Y repenser c’est incontestablement replonger dans une partie de mon enfance, un voyage dans la mémoire dont j’ai régulièrement besoin et qui vient frapper à ma porte sans crier gare.

On a toujours tendance à exagérer l’importance de ceux qui ne sont plus et certainement que ma mémoire a effacé les défauts et arrondi les angles mais il reste une empreinte indélébile.

Ma grand-mère du haut de son 1m45 était une personne fantasque, un être étrange qui ne vivait pas comme les autres adultes.

Elle me gardait tous les mercredis et avec elle comme nounou, j’avais plutôt une copine qu’une grand-mère.

Quand ma grand-mère était, elle portait souvent un curieux foulard sur la tête, qu’elle changeait selon ses humeurs et les saisons. 

Elle portait aussi tous les jours des gilets improbables qu’elle avait tricoté elle-même et qui taillaient si petits qu’on aurait pu croire qu’ils étaient destinés à un enfant. Elle réalisait d’ailleurs les mêmes pour mes Barbie.

Quand ma grand-mère était, elle était une vraie coquette, restée aux critères de beauté du temps où elle était une jeune fille. Elle ne sortait donc jamais sans fond de teint et poudre.

Elle adorait les Roses, les napperons et les affiches de chatons, connaissait tous les petits trucs pour être bonne en orthographe et se rappelait de ses formules de chimie.

Quand ma grand-mère était là, elle me racontait son enfance en Bretagne et avait toujours des anecdotes qui me faisaient rêver. C’est elle qui m’a donné le sens de la petite histoire et m’a appris à regarder les petits détails dans la vie des gens .En l’écoutant, j’avais l’impression que la vie de son village était au centre du monde car il faut le dire, c’était le centre de SON  monde, même des années plus tard. Elle se rappelait parfaitement son enfance mais très peu celle de ses filles car elle était figée à ses 20 ans. Et n’avait jamais vraiment grandi depuis…

Quand ma grand-mère était là, elle promenait sa silhouette toute frêle dans le quartier et tout le monde la connaissait. Elle était capable de se lier avec tous, de la mère de famille au clochard du coin. Elle était généreuse mais savait aussi se plaindre et était complètement parano.

Quand ma grand-mère était, elle me faisait découvrir les destins tragiques des célébrités qu’elle aimait. Ses préférées : la Princesse Grâce et Romy Schneider. Avec elle, on était transporté sur le rocher de Monaco ou vivions la douloureuse vie de Romy Schneider.

Quand ma grand-mère était, il ne fallait pas compter sur elle pour les tâches ménagères. Contrairement à la plupart des femmes de sa génération et de son milieu, elle ne savait pas faire à manger. Elle n’avait d’ailleurs jamais fait l’effort d’apprendre… Elle me cuisinait donc invariablement un steack hâché et des pâtes et le repas se terminait par des crêpes. Car en tant que bretonne, elle avait au moins appris cela.

Elle ne buvait jamais d’eau mais très peu de vin aussi, ce qui faisait qu’elle avait toujours soif sans jamais s’hydrater. Elle a découvert les Sodas et le thé et ainsi les choses se sont arrangées.
Elle ne buvait pas de café mais de la Chicorée dont elle raffolait.

En fait, elle n’en faisait qu’à sa tête et a certainement été bien meilleure grand-mère que mère.

Elle était espiègle, parfois un peu méchante et en même temps si touchante. 

Avec le recul, je pense que je la gardais autant qu’elle me gardait. Nous jouions à la poupée et partions pour des aventures merveilleuses.

Ma grand-mère a beaucoup compté pour moi et je l’ai aimée avec ses défauts.
En devenant adulte, je l’ai un peu négligée, lui rendant moins souvent visite.

La vie a suivi son chemin et elle a peu à peu décliné. Jusqu’au bout, même quand la mémoire flanchait, elle parlait de ses petits-enfants qu’elle aimait beaucoup.
Elle s’est éteinte tranquillement dans son sommeil il y a cinq ans.

Quand ma grand-mère était, j’étais une enfant mais je me rappelle très bien tous les moments passés avec elle. Sa personnalité et ses actes m’accompagnent parfois et ressurgissent sans que je m’en rende compte dans certaines pensées ou dans mes actes.

J’ai toujours ma grand-mère paternelle qui est  beaucoup plus douce et attentionnée. Elle garde toujours le sourire malgré les épreuves de la vie. Avec elle, je me rappelle aussi mon enfance, d’autres moments et surtout le temps des vacances et des cousins. C’est aussi une part d’elle qui est en moi.








8 commentaires:

Dans la peau d'une fille a dit…

quel joli article et il me rappelle un peu ma grand-mère maternelle décédée en 2007. Elle était nounou et m'avait gardé jusqu'à mes 3 ans. C'était une femme réservée qui était veuve très tôt et n'a jamais refait sa vie (enfin si mais avec le vin). Quand elle est partie, j'étais triste mais elle le souhaitait depuis tant d'années. Comme toi, il me reste ma grand-mère paternelle qui est tout son contraire.

Cécile Paris Pages Blog a dit…

au début, j'ai cru que c'était ta fille sur la photo...
J'ai perdu mes 2 grands-mères, dont une pendant ma 1e grossesse. Je pense souvent à ma grand-mère maternelle, décédée il y a une quinzaine d'années. Elle me manque terriblement. J'aurais tant aimé qu'elle connaisse mes filles.

bébé change la vie a dit…

Très beau billet !J'ai la chance d'avoir encore ma grand-mère paternelle qui me gardait aussi petite et qui habite juste à côté de chez mes parents donc je la vois beaucoup.
C'est un truc de dingue comme ta fille te ressemble, tu peux pas la renier ! ;)

Mme Statler a dit…

J'ai cru que c'était une photo de ta fille avec ta grand-mère!
J'ai très peu, trop peu de souvenirs avec ma grand-mère maternelle, on ne vivait pas dans le même pays.
J'ai encore ma grand-mère paternelle. Je vais chez elle dès que je le peux.

Anonyme a dit…

il est beau ton billet, on sent toute l'affection pour ta mamy.
Les choses de la vie font que je suis moins proche de ma grand mère maternelle aujourd"hui,, mais elle fait partie de moi et je garde de beaux souvenirs des moments passés avec elle. Je tâche de rester pas trop loin, je sais que les années sont comptées…
Pour ma gd mère paternelle, c'est différent. Nous n'avons jamais été proches, mais je l'appelle régulièrement.
Pour moi, les mamies de ma fille sont très importantes. J'aimerais qu'elle garde de belles images de leurs relations.
Bises !

Anonyme a dit…

très joli billet ! que ta fille te ressemble ! c'est qq chose les mamies <3

LesLivresdOscar a dit…

Ton texte est très beau, très évocateur. Bravo Virginie.

Anonyme a dit…

Merci pour tes grand-mères

Papito