jeudi 22 mars 2018

Mon séjour à la maternité en 10 souvenirs



Le séjour à la Maternité, bien que très court dans la plupart des cas, laisse une empreinte dans la mémoire des jeunes parents. C’est un moment particulier, hors du temps où les émotions s’enchaînent et se mélangent à la réalité. Dans ce cocon, certains se sentent comme des poissons dans l’eau tandis que d’autres s’y retrouvent oppressés. Il y a une vie propre à ces quelques jours, une ambiance qui ne se retrouve pas ensuite alors que parents et bébé prennent le chemin de leur nouvelle vie en passant les portes sans retour de la maternité quelques jours après avoir accueilli un bébé tout neuf.

Pendant ces quelques jours, je me suis sentie tour à tour actrice et spectatrice : un rôle universel, celui de maman, et un rôle propre, le mien.

De cette période, j’ai eu envie de me souvenir : des temps forts bien sûr mais aussi d’anecdotes tendres, rigolotes ou porteuses de sens.

Cela constituera évidemment un recueil de souvenirs que je pourrai partager avec notre petite L. dans quelques années, mais également peut-être un carnet de bord qui rappellera à d’autres ce moment si spécifique qu’est le séjour à la maternité.

1-L’accouchement

C’est un peu par là que tout commence. Pendant des mois les parents se préparent, la future mère a fantasmé ce moment entre impatience et appréhension.
Chacun de mes accouchements a été différent mais j’ai toujours eu une petite angoisse à mesure que le terme approchait.

Cette fois-ci j’ai fait très fort puisque nous sommes arrivés à 8h10 à la maternité et tu es née à 8h55. Dilatée à 9, j’aurais accouché dans le hall d’entrée si on n’était pas venu me chercher pour nous conduire dans la salle d’accouchement. Vous l’aurez compris, je ne comptais pas trop sur la péridurale cette fois encore mais j’avoue que cet accouchement a été un peu rapide. J’étais très fatiguée et toi aussi. Tu as été mise dans une couveuse et je me suis retrouvée seule en salle de repos pendant 30 minutes. J’avais besoin de reprendre des forces mais j’aurai aimé profiter de mon bébé en peau à peau. Heureusement, tu m’as rejoint pour ne plus me quitter.

Mon expérience a été très intense, c’était aussi mon choix que de faire tout le travail à la maison avec ceux que j’aime. Mais il faut y être préparé car cela demande beaucoup d’énergie.

Accouchement avec ou sans péridurale, accouchement spontané ou déclenché, c’est le point de départ d’une nouvelle vie qui commence à la maternité. L’accouchement participe à la création du lien d’attachement. C’est un souvenir douloureux et merveilleux.

2- Le premier échange avec bébé

Comment oublier ce premier échange avec bébé ? Pour nous le premier regard se combine avec la découverte du sexe de notre enfant. Pendant des mois, on a imaginé tour à tour un garçon ou une fille et puis arrive enfin notre bébé.

C’est une fille, notre deuxième petite fille. Elle est sortie toute propre, très douce. Elle est fine et longue, déjà pleine d’élégance. Je l’ai sentie sur ma peau avant qu’ils ne l’enlèvent. Son papa l’a accompagnée, l’a regardée, habillée, choyée. C’est à ses côtés que tu as passé tes premiers instants.

C’est notre premier échange, notre première fois. La salle d’accouchement n’existe plus, il n’y a plus que nous 3 ensemble, c’est tout.

3- La première journée

L’avantage de ne pas avoir de péridurale est de récupérer très vite. Cette première journée se passe dans un demi flou : entre le sentiment que tu es bien là et la découverte de ton existence, toi qui la veille était encore dans mon ventre. J’entends ton souffle dans ton petit berceau, je te vois si petite et si mignonne, déjà si pleine de vie quand il s’agit de têter. Papa est reparti se reposer et préparer ton frère et ta sœur.

Le bal des aides-soignantes et personnel de l’hôpital vient à peine perturber notre rencontre. Je suis en forme mais tu es bien plus présentable que moi. Tu portes le pyjama comme un gant tandis que je peine à enlever la chemise d’hospitalisation et à la troquer pour un pyjama tout neuf. Mon corps est encore marqué par l’accouchement, j’ai les traits tirés, les douleurs de la grossesse sont encore significatives.

Je n’ai pas envie de voir grand monde, je préfère rester confinée dans cette chambre avec toi.

La première journée, nous sommes examinées, interrogées sans cesse, un peu bousculées. Le silence règne car tu ne fais pas trop encore entendre ta voix.

La première journée change quand les visites commencent à 16h. C’est le cœur battant que ton frère et ta sœur poussent la porte de la chambre pour découvrir leur petite sœur…

Les journées suivantes sont rythmées par les soins, le premier bain, les visites, les tétés. C’est une petite routine qui se prolongera hors les murs.
 
4- La rencontre avec ton frère et ta sœur

C’est certainement le plus joli moment de cette troisième grossesse. Ils t’ont déjà célébré quand tu étais dans mon ventre, ils vont maintenant t’adorer. C’est un tout petit bébé qu’ils découvrent. Ils n’auraient pas imaginé que cela ressemble à ça, si fragile, déjà tellement humain et pourtant tellement miniature… Te prendre dans leurs bras, te sentir, te faire des bisous, ils sont ivres de toi.

Alors que ta sœur joue déjà les petites mamans, ton frère est impressionné. Il mettra une semaine à redescendre de la naissance de sa petite sœur. Il a vu sa maman partir pliée en deux pour la maternité, il a pris son rôle de grand frère très au sérieux. Il a grandi un peu plus avec toi. Ce trop-plein d’émotion ressort sous la forme d’une énorme fatigue.
Mais une chose les frustre tous les 2 : nous voir rester à la maternité.

Ils ne le savent pas encore mais ils seront les meilleurs frère et sœur que l’on peut souhaiter une fois rentrés à la maison.

Avoir beaucoup d’écart c’est avoir la chance de vivre une expérience fraternelle unique.

5- La nuit

Les nuits sont souvent plus agitées que les journées dans les maternités. Cette troisième fois n’a pas dérogé à la règle.

La première nuit, alors que tu es relativement tranquille, le personnel soignant passe régulièrement nous voir. Puis ce sont les bruits dans les couloirs : les mamans insomniaques, les bébés qui pleurent, le personnel d’entretien qui s’agite, claque les portes… La nuit aussi la maternité vit dans son microcosme.

La deuxième nuit, c’est toi qui va me solliciter. Je comprendrai le lendemain avec la sage-femme que tu avais juste faim, le colostrum ne te suffisant déjà plus… Tu vas ainsi pleurer bien plus qu’avant, me rappelant que les premiers mois avec un bébé sont souvent faits de nuits écourtées et de larmes inexpliquées.

La troisième nuit, nous sommes prêtes, habituées aux bruits extérieurs, repues, nous savons que demain nous pourrons sortir.

6- Sages-femmes et personnel soignant

Lors de ce séjour j’ai pu observer le ballet des personnels de la maternité. Il n’y a pas une mais plusieurs sages-femmes : celle qui va t’aider à accoucher n’aura pas la même attitude que celle qui gère les soins post-accouchement. J’ai pris conscience de la complexité de leur métier : tour à tour général en chef quand il faut aider la maman à puiser dans ses forces pour accoucher, experte quand il faut accueillir bébé tout neuf, amie bienveillante quand une maman a besoin de se confier, soignante, créatrice de liens, enseignante… La sage-femme détient de multiples savoirs et savoir-faire.

Puéricultrices, infirmières… tous ont un rôle bien défini à la maternité mais elles oeuvrent pour le bien-être de la maman et du bébé.

7- Les autres parents

Alors même que nous avons tous vécu la même aventure de vie, les conventions sociales reprennent vite le dessus à la maternité. On s’observe, on se scrute, on se dissèque.
Il y a les primipares pour qui tout est découverte. Certains assument le fait qu’ils sont dépassés ; d’autres veulent déjà tout contrôler.

Il y a les « déjà » parents qui comparent tout à leur grossesse ou à leur bébé précédent. Certains pensent avoir tout oublier, pour d’autres les gestes reviennent machinalement.
Il y a les mamans qui semblent déjà avoir retrouvé leur silhouette et leurs habits d’avant-grossesse ; d’autres qui portent coute que coute leur petite jupette en taille 36 même si la fermeture éclair est grande ouverte. Beaucoup sont un peu désorientées et ont des tenues improbables. De toutes façons, toutes les mamans comprennent qu’il faudra du temps avant qu’elles ne défilent pour Victoria Secret. Pour les jeunes mamans, c’est souvent un choc que de découvrir que leur corps n’est plus comme avant alors même que leur bébé est dehors.

Il y a les questions naïves, les inquiétudes face au poids de bébé, le désespoir quand l’allaitement tant rêvé ne se passe pas comme prévu, la fatigue.

Il y a parfois des petits sourires attendris entre mamans.

Il y a des parents qui partagent tous ce moment suspendu de l’arrivée de bébé et qui savent que ce séjour est un avant-goût avant le grand bain du retour à la maison.

8- Ton papa

Si l’accouchement est éprouvant pour la maman, il l’est aussi pour le papa. Ton papa est très sensible et vit chaque accouchement comme un moment intense. Il a été ému, il a été stressé, il a été heureux, il a été anxieux, il a été triste, il a été euphorique. Pendant trois jours ce fut pour lui aussi le Yoyo des émotions. C’est un peu comme s’il avait été shooté aux hormones : ocytocine, endorphine, cortisol ont circulé dans son corps.

Le séjour à la maternité est un moment compliqué pour le père car il est aussi synonyme de solitude. Et quand on a déjà d’autres enfants à gérer, il faut aussi assurer à la maison !
Mais ton papa était là à la sortie, fier comme Artaban, de ramener sa petite fille à la maison.

9- Ta maman

Ta maman c’est moi. Clairement imparfaite, assez maladroite quand il s’agit de se rappeler des soins du cordon mais très zen pour m’occuper de toi. Fière de t’avoir mise au monde, admirative devant chacun de tes gestes, curieuse de mieux te connaître, fatiguée quand il faut rester éveillée une partie de la nuit, débutante face au mystère que tu es.

Ton papa, ta maman, ton frère, ta sœur déjà si aimants dès le séjour à la maternité.

10- Vive la sortie

Après trois jours dans cette atmosphère particulière de la Maternité, c’est un grand soulagement mêlé à une certaine appréhension que de passer les portes pour rentrer chez soi.

Nous avons fait le tour des sages-femmes pour leur dire au revoir, on a rassemblé les affaires et jeté un dernier coup d’œil à cette chambre qui a vu nos premiers pas. On t’a enfilé maladroitement ton pilote, qui comme tous les pilotes taille 1 mois, est trois fois trop grand. Ca nous amuse de te voir ainsi en petit ourson. Il a fallu réapprendre à installer ton siège auto dans la voiture…

Comme tous les parents, nous quittons la maternité, forts de cette rencontre avec toi et faibles devant ce grand mystère qui nous attend.

Le séjour à la Maternité est fugace et dans quelques mois on se rappellera l’essentiel. On aura oublié les visages des gens croisés, la couleur des murs de la chambre, le goût insipide des repas… 

Mais chacun de nous se rappellera ces premiers instants de vie avec toi, passerelle avant notre vie à 5.



6 commentaires:

Unknown a dit…

Wahou!
Que de souvenirs! C'est joliment décrit et ça résume bien cette ambiance si particulière et ces émotions de dingue!
C'est vrai que j'ai du mal à me souvenir de la couleur des murs ou des repas... mais le ressenti et les instants de vie entre ces murs sont inoubliables!
Bises
Marion

Fred Ouistiti a dit…

Pfiou comme tu as bien décrit les émotions de ces premiers jours...
❤️

lopie77 a dit…

Merci Virginie pour ce beaux récit, j'j'en ai eu les larmes aux yeux. Tellement envie de connaître cette vie à 5 maintenant que David et Flavio sont grands. Encore tous pleins de bonheur à vous 5.

Anonyme a dit…

Mieux qu'un film, on attend la suite...


Papito

Maman est au musée a dit…

Magnifique article, qui m'a replongé dans mes propres souvenirs d'accouchement et de maternité. Profitez bien tous ensemble de votre nouveau petit bonheur ! ♥

Mamsdebambinos a dit…

Ton article est tellement beau, tu a su tout expliquer.
Ici, ça sera pour juillet ;-)