jeudi 24 juillet 2014

We are the World ...

Crédits photographiques 

L’actualité est particulièrement tendue en ce moment et on assiste dans les médias et sur les réseaux sociaux à des échanges pour le moins vifs. 

Ce climat délétère m’a fait m’interroger sur la façon dont on pouvait sensibiliser les enfants sur l’égalité entre les êtres, sur le fait que nous vivons tous sur la même planète…

Tout petits, les enfants se considèrent avant tout comme des enfants: blanc, noir ou jaune, catholique, juif ou musulman, ils ne se jugent pas sur une appartenance ethnique ou religieuse mais bien sur le fait qu’ils s’entendent ou non.

Quand j’étais une petite fille, mes amis s’appelaient Déborah, David, Nicolas, Fabienne ou Fofana, on jouait tous ensemble, on ne savait même pas ce que cela voulait dire ces histoires de religion. D’ailleurs, dans l’école publique où j’étais, l’arabe était enseigné en primaire à ceux qui le souhaitaient sans que personne ne crie au fanatisme. Nous fêtions Carnaval au moment du Carnaval sans pour autant s’inquiéter de l’incursion du religieux dans le laïque. Je savais que le vendredi soir, ma copine Esther recevait sa famille et qu’elle ne pouvait pas utiliser l’électricité… Mais tout ça je m’en fichais, d’ailleurs nous nous en fichions tous puisque ce qui nous intéressait était juste d’être copains !   Au collège, nous pouvions étudier l’histoire de toutes les religions sans que cela ne tourne au pugilat…


Je ne me souviens pas que mes parents aient eu à me faire la leçon sur la tolérance de l'autre ; leurs actes et leurs paroles suffisaient. La société civile aussi.

Devenue adulte, j’ai gardé ce sens de la diversité et j’ai des amis de tous horizons dont certains vivent leur religion de manière intense sans que cela ne me gêne.

Mes enfants vont dans le même type d’école que celle que j’ai fréquentée enfant, ils côtoient les mêmes enfants de tous horizons et je n’ai jamais pensé à les sensibiliser sur la différence puisque pour moi, cela allait de source, il n’y pas de différence, nous sommes tous des êtres humains.
Mais depuis quelques temps, je vois sur les réseaux sociaux des messages ambigus voire haineux, des replis identitaires. Tout est bon pour véhiculer des messages haineux : le mariage pour tous, le conflit israelo-palestinien, la guerre en Ukraine… 
Une fois, alors que j’intervenais en tant que Community manager pour une marque, j’avais choisi de mettre un visuel représentant le logo de l’Unicef où l’on voit des petites mains d’enfants blanches et noires mêlées. Quelle ne fut pas ma (mauvaise) surprise en voyant certains commentaires ultra-racistes, du genre « Il n’y a pas que les petits africains qui souffrent … « Ou bien « pourquoi toujours penser à eux »… J’étais vraiment choquée !

On dirait que sous prétexte qu’on est sur le net, il est possible de se cacher derrière un avatar pour délivrer n’importe quel message de haine. Et Facebook manque parfois de rigueur dans son travail de modération  puisqu’il laisse passer des post vraiment limites.

Outre le fait que je me demande bien où cela va finir, je m'interroge aussi sur le fait qu'il serait peut-être temps de (re) sensibiliser nos enfants sur l’universalité de notre monde. Je croyais (naivement) acquis le fait que notre génération, habituée à la mixité,  avait transmis naturellement son ouverture d’esprit et son habitude de l’autre. 

Et pourtant…

Où est passée la génération Touche pas à mon pote ?

Quand j’étais petite fille, la radio passait en boucle cette chanson  et aujourd'hui encore je la connais par coeur et elle me donne des frissons à chaque fois . 


Les Restos du Cœur étaient créés et on n’accusait pas les enfoirées de faire des spectacles uniquement pour promouvoir leurs albums. Il y avait une véritable envie d’aider, envie d’aimer…


Je me souviens qu'on faisait des collectes énormes de riz pour l’Afrique et tout le monde participait…

Enfant des années 80, j’étais sensibilisée aux causes du monde et je connaissais par cœur cette chanson pour l’Ethiopie « Loin du cœur et loin des yeux, de nos villes de nos banlieues, l’Ethiopie meurt peu à peu… ». Que font les Maitre Gims ou Black M si ce n’est vanter comme ils sont riches et qu’ils emm… le système !

Je ne plaide pas pour un monde perdu mais plutôt pour une idée simple. A l’heure de la mondialisation, il ne faut pas vivre sur ses acquis car nos enfants risquent d’être confrontés de plus en plus à cette question de la différence. Je ne vois pas dans les médias, chez nos dirigeants ou même chez les artistes, de voix fortes pour s’élever : Nelson Mandela est parti et on manque de figure emblématique.

A force de mettre en avant nos différences, on n'en oublie l'essentiel...

Que pouvons-nous faire en tant que parent ? 

Nous essayons  de donner le cadre et de chaque jour véhiculer un message de tolérance dans un monde qui ne l’est pas toujours … Nous n’avons pas de recette miracle mais nous essayons d’agir selon notre cœur pour leur montrer qu’on est tous égaux et que ce n’est pas sur la couleur de peau ou la religion qu’on doit juger une personne.

J'espère que parmi les choses que j'aurais léguées à mes enfants figurera l'amour de son prochain, tout simplement. 


Et vous, abordez-vous le sujet de l’état du monde avec vos enfants ? Comment faites-vous ?

5 commentaires:

Maman est au musée a dit…

Un très bel article sur la tolérance ! J'espère réussir à apprendre toutes ces belles valeurs à mes enfants. Avec mon grand, on commence à en parler et comme tu le dis si bien, les enfants n'ont pas de préjugés. Faisons ce qu'il faut pour que ça ne change pas en grandissant.

Elwenn - Kid Friendly a dit…

Un très joli billet. Cela ne m'avait pas frappé mais c'est vrai que quand nous étions enfant les choses étaient différentes...
Après je pense aussi que le contexte est différent. J'ai bien peur que la crise économique n'incite un peu au repli sur soi-même et à l'individualisme. Et j'ai l'impression (peut-être fausse) qu'il y a une radicalisation de certaines communautés religieuses ou du moins que c'est ce qui est montré par les médias, insufflant ainsi un certain malaise. Je pense notamment à la prise de position récente d'une partie de la communauté catholique contre le mariage pour tous ou l'avortement (je ne généralise pas sur la communauté catho -à laquelle j'appartiens- mais malheureusement ça ne véhicule pas une image de tolérance). Je pense aussi au port du voile qui me semble plus fréquent aujourd'hui que durant notre enfance (mais là encore, c'est peut-être une distorsion des médias). Après il est aussi clairement de notre devoir de parent d'essayer de changer les choses au quotidien, brique par brique, en enseignant le respect de chacun à nos enfants.

Anonyme a dit…

superbe article.... j'espère réussir à inculquer à la miss ces valeurs, lui dire qu'on ne juge aps quelqu'un sur sa couleur, sa religion, ses cultes.
Surtout avec nos racines !!!!
tout comme toi, je suis sidérée et surtout effrayée de tous ces messages haineux sur la toile.

Je t'embrasse

Unknown a dit…

comme toi j'ai connu les collectes de riz, celle aussi de gomme te crayon de papier ... j'ai toujours vécu dans des lieux méga populaire, le val fourré toute petite ensuite paris j'ai eût des potes à st denis ... et comme toi j'ai écris un article (où est passé mon barbès ?) je me demande aussi où le monde va ????j'ai l'impàression que le racisme est de plus en fort dans le monde ... que toute les religions qui sont à la base fondée sur la tolérance le sont de moins en moins :-(

Mme Statler a dit…

Il y avait aussi "Pour toi Arménie".
J'ignore ce qui se passe en ce moment, j'ai l'impression que les gens sont de moins en moins tolérants. Ça me fait peur.
Je dois être une grande naïve, ou alors carrément bête mais je me demande pourquoi on ne pas vivre tous ensemble, sans préjugé, sans distinction de couleurs, de religions.
Quant aux médias... selon moi ils ne font qu'attiser cette "haine de l'autre". Cela me rend dingue lorsque dans un reportage ils présentent une personne en mentionnant sa religion - pourquoi faire?