vendredi 22 juin 2018

L’année de 6ème : bilan et enseignements



Presqu’un an plutôt je vous parlais ici de l’entrée au collège de mon grand et de notre hésitation entre le privé et le public. Nous avions finalement écouté notre cœur et choisi le collège public de notre quartier. 

Début septembre notre premier né prenait fièrement le chemin de sa nouvelle vie de collégien et nous le laissions, non sans un pincement au cœur, faire un pas de plus vers l’autonomie (à lire ici)

Juin est arrivé et ce soir, il aura fini les cours et bouclé son année de 6 ème sans qu’on ait vu le temps passer…

Il est clairement devenu un collégien et il ne reste presque plus de traces du garçon intimidé du début d’année.

Et nous parents avons également franchi une étape.

Etape familiale que j’ai eu envie de partager ici.

Nous ne regrettons pas notre choix de l’enseignement public même s’il y a eu quelques « loupés » dans l’année.

Je ne veux pas taper ici sur l’éducation nationale mais relater uniquement des faits et partager notre expérience dans laquelle certains se reconnaitront peut-être…

Bilan côté enseignants

A la première réunion avec le Principal, nous avions entendu un discours de bienveillance et de volontariat nous promettant un véritable encadrement de nos enfants.

A l’issue de ces mois d’école, je peux vous dire qu’il y a des nuances à apporter dans ces propos.

Encore plus qu’à l’école primaire, il y a très peu de contacts entre l’équipe pédagogique et les parents. Une fois par trimestre, il est possible de rencontrer certains professeurs (ceux qui daignent se déplacer) lors de la remise des bulletins. Comme ils sont tous dispatchés dans des salles de l’établissement, il est souvent difficile de les voir tous. Et puis après avoir fait une demi-heure de queue devant la salle du professeur principal qui a pris du retard dans ses RDV, on n’a plus vraiment envie d’aller plus loin…

Il existe un système de correspondance soit via un message écrit dans un cahier soit via un système de mail. Si certains professeurs prennent la peine de répondre, d’autres font comme s’ils n’avaient pas lu…

Je dirais donc que niveau communication entre adultes, c’est un peu comme dans certains boulots. Il y a ceux qui ont envie de partager et d’échanger et de faire vivre leur entreprise et il y a ceux qui se lèvent le matin en ayant le sentiment de vivre dans la routine et en attendant la fin de la journée…

Cela est particulièrement criant quand on parle de l’implication des professeurs. Loin de moi l’idée de penser qu’enseigner à des collégiens est une sinécure… La plupart du temps, ces petits chéris ne savent même pas pourquoi ils sont là, pensent plus à ce qu’ils vont faire à la récré et ont du mal à se concentrer plus de 15 minutes. Mais certains professeurs se distinguent par rapport à d’autres.

Le gros point noir de cette année est clairement l’absentéisme de certains sans que ceux-ci ne semblent en être inquiétés… Ainsi pendant le deuxième trimestre, la prof d’Histoire géo venait une semaine puis était absente durant 2 semaines et comme ça tout le temps. La prof d’allemand était aussi quasi inexistante. Et évidemment, elles n’étaient pas remplacées… A cela s’ajoutaient les absences ponctuelles des autres profs. Ce trimestre, le prof de physique a largement été retenu par d’autres activités ce qui l’a amené à être souvent absent et la prof de français était une syndicaliste très active qui manquait aussi régulièrement ses cours…

J’avais attiré l’attention de la principale via la déléguée de parents d’élèves sur cet absentéisme et il m’avait été répondu que la hiérarchie était prévenue mais était désarmée face à cela…

Cela m’a mise souvent en colère, j’ai souvent explosé devant mon fils face à ce manque de sérieux… Et aujourd’hui encore c’est pour moi une grosse faille dans l’enseignement public.
Pas une semaine sans que mon fils n’ait eu des trous dans son emploi du temps ou n’ait terminé avant l’heure prévue… Heureusement que j’ai passé une grande partie de cette année à la maison avec l’arrivée de bébé car sinon il aurait été souvent livré à lui-même. 

Quand les absences étaient signalées à l’avance, je lui ai toujours fait un bon de sortie car rien n’a l’école n’était prévu (hormis le foyer) pour accueillir les enfants. Parfois aussi, en cas d’absence inopinée, il a dû m’appeler pour sortir afin que j’envoie un mail aux équipes concernées. Et là, je dis merci de lui avoir fourni un téléphone portable car sinon je n’aurai pu être prévenue.

Au-delà de l’absentéisme, il y a eu aussi la non maitrise de certains professeurs des outils mis à disposition par l’éducation nationale. Aujourd’hui il existe un formidable outil pour suivre son enfant : le système Pronote. Il a ses qualités et ses défauts mais il permet vraiment de contenir beaucoup d’informations sur la vie au collège. 

Pourtant certains professeurs semblent totalement le boycotter ! Peut être est-ce par manque de formation ou par snobisme mais tous ne semblent pas vouloir utiliser Pronote. Cela est un peu déconcertant quand il s’agit notamment des devoirs car certains ne mettent les devoirs que sur Pronote, d’autres font carrément des devoirs en ligne alors que beaucoup utilisent le bon vieux cahier de texte. Cependant, comme toujours nous ne sommes pas prévenus des pratiques de chacun et c’est à nous parents de découvrir ! Le début de l’année a été un peu chaotique de ce fait mais petit à petit nous avons pris l’habitude d’utiliser l’ancienne et la nouvelle méthode.

A l’inverse de ce tableau noir, il y a eu des professeurs vraiment supers qui ont proposé aux enfants un apprentissage de qualité. A cet âge, les enfants fonctionnent encore beaucoup à l’affect et il est vrai qu’ils vont souvent préférer les matières où le professeur est « sympa ». J’ai essayé d’expliquer à mon fils qu’il devait aller au-delà de ses sentiments et s’intéresser à la matière avant tout. Il a eu la chance d’avoir une excellente prof d’anglais et il a appris beaucoup.

Ainsi, du côté des professeurs, rien de nouveau par rapport aux souvenirs que j’avais du collège. Certains sont tellement investis qu’ils proposent aux enfants des expériences extraordinaires et font partie de ceux qui donnent envie de réussir. Mais par contre, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup plus d’absentéisme qu’à mon époque… Est-ce le signe que le système public s’est dégradé ? Je ne peux trancher juste avec cette première année.

Le bilan côté enseignements et acquisitions

Le collège est un lieu où l’enfant apprend à être plus mature, plus autonome et se familiarise avec les enseignements qui pourront lui servir quand il s’agira de choisir une orientation.

Dans notre collège, dont le niveau est jugé comme assez moyen selon la plupart des classements, il faut clairement choisir des voies d’excellence. L’un des moyens de se distinguer passe par la classe bilangue en 6 ème. Nous avons eu la chance que notre fils soit retenu pour faire cette classe anglais et allemand et nous n’avons pas eu à regretter notre choix. Le niveau général de la classe était assez bon et notre fils a acquis un bon niveau en langues.

A tel point qu’il a postulé pour intégrer une classe européenne l’an prochain, classe dans laquelle il pourra acquérir un niveau d’anglais plus important. Ils étaient 48 à se présenter pour 20 places toutes 6 ème confondues. Il a passé un oral et à l’issue il a été retenu ! Nous étions très fiers de lui et je pense qu’il arrivera en principe à la fin de sa troisième avec un bon niveau en anglais.

Pour les maths et le français, on peut dire que le programme a bien été suivi. Pour les maths, il a plutôt un bon niveau. Concernant le français, il a découvert les explications de texte, les dissertations… Au début il était très dérouté par cela et réclamait de faire de la grammaire et de la conjugaison. Mais à la fin de l’année, il a mieux intégré ce qu’était l’enseignement du français. Je l’ai beaucoup aidé (tout comme son papa l’a aidé en mathématiques) et j’ai clairement vu une évolution dans son travail. Il s’exprime mieux, est moins brouillon, fait moins de fautes d’orthographe…

Certains enseignements m’ont plus déroutée… Ainsi le professeur de physique a pris clairement ses distances avec le programme officiel les plongeant dans la physique quantique et dans l’aérospatial dès le premier trimestre… Nous avons passé des dimanches à nous arracher les cheveux tant les exercices semblaient hors de portée… Puis nous avons compris que ce qu’attendait le prof finalement n’était pas tant le résultat qu’une certaine ouverture d’esprit. Quoiqu’il en soit la physique enseignée en 2018 est bien loin de celle enseignée en 1990.

En histoire géo, la prof a cru enseigner à des lycéens ne leur proposant que des cours magistraux. Alors mon grand bonhomme est revenu souvent avec trois lignes de cours me disant qu’en classe ils n’avaient fait que parler… La prof étant une adepte des contrôles surprise, il a eu quelques déconvenues. J’ai mis du temps à comprendre que son cours écrit ne suffisait pas et qu’il devait enrichir celui-ci pour avoir des bonnes notes. Là encore, nous avons pris le temps de travailler et les résultats ont fini par être là.

Il n’y a pas de mode d’emploi mais ce que je peux dire c’est qu’au collège, il est fondamental de travailler avec son enfant car sinon il lui est difficile de comprendre tous les modes de fonctionnement des professeurs… Les devoirs peuvent parfois prendre beaucoup de temps. Nous avons eu parfois des moments de tension, pour certains exercices il a fallu puiser dans nos souvenirs. D’autres fois, c’était plutôt sympa de se replonger dans certaines matières…

Il aborde la 5 eme avec de nouvelles acquisitions, une meilleure compréhension de ce qu’est le travail au collège mais encore beaucoup à gagner en maturité. Nous sommes fiers de son parcours car il a su rester sérieux. Certaines matières ne lui plaisent pas vraiment, parfois ce sont des parties du programme qui l’ont un peu rebuté. Il s’affirme et s’accroche.

Le bilan : un petit garçon devenu grand ?

On peut le dire, le collège ça vous transforme un petit garçon ! Un peu gauche au début de l’année, il a vite évolué pour devenir un parfait collégien.

Il est arrivé en parlant de maitresse, il utilise aujourd’hui sans faillir le mot « prof ». Tout le vocabulaire du collégien a été assimilé et il pourrait écrire un manuel. Il y a évidemment le bon côté enrichi par ses heures de français et puis le mauvais avec des expressions de son âge qu’on préfère ne pas connaître…

On se prend un coup de vieux avec un collégien car il nous fait vite oublier qu’on a été à sa place quelques années auparavant. On est clairement souvent taxé de ringards, il imagine que la plupart du temps on ne comprend rien à ce qu’il vit, qu’il est le seul à ressentir certains sentiments… Mais il ne sait pas qu'on n'apprend pas aux vieux singes à faire la grimace.

J'ai eu la sensation de passer un cap dans le monde des adultes car plus il se rapproche du monde des ados et plus je m’en éloigne…

Nous avons eu un florilège de petites bêtises allant du simple oubli de devoirs ou de cahiers, à l’abandon du sac de piscine sur un banc, la baignade à ladite piscine en caleçon.

 Il y a eu des grosses bêtises avec une petite période de mensonges sur les résultats scolaires. A la naissance de notre petite L., notre grand garçon s’est peut-être senti un peu délaissé ou bien a eu une période de stress qui lui a fait louper une série de contrôles. Il n’a pas voulu nous le dire et a inventé des histoires sur ses profs : des faux contrôles surprises, des notes (mauvaises) dont il ne savait pas à quoi cela pouvait correspondre… On a aussi eu le droit à « je fais semblant d’y aller mais en fait je n’y vais pas » : c’est-à-dire qu’au lieu d’aller à la guitare un soir, il a préféré jouer au foot… mais c’était sans compter sur le professeur de guitare qui,inquiet, nous a appelés pour nous prévenir de son absence. Quelle ne fut pas sa déconvenue quand il est rentré comme une fleur de voir notre réaction…

Nous avons souvent été amusés par ses petites incartades mais par contre nous avons été très en colère quand il nous a menti sur ses notes à plusieurs reprises. Nous lui avons fait une vraie leçon sur le mensonge, ennemi de toute relation saine.

Au collège, il est important de maintenir le lien même lorsqu’on ne partage pas toutes les passions et tous les goûts de son enfant. Il aime le foot, nous nous y intéressons. Il a envie d’aller chez un ami pour jouer, nous l’y autorisons s’il a fait ses devoirs. Il veut manger au Burger king le mercredi avec ses copains, il le peut de temps à autre à condition de toujours nous dire où il est.

Il faut apprendre à marcher sur un fil qui ne doit jamais se rompre, le fil de la confiance.

Il part et rentre seul de l’école, il a son argent de poche, son téléphone. Il a un compte Instagram privé et depuis peu son Snapchat. Mais nous suivons tout ce qu’il fait sans pour autant le contrôler.

Il y a eu cette fois où alors qu'il était censé dormir, il a lancé sur la télé du salon (alors même que nous la regardions) la chaine youtube via un partage de connexion depuis son téléphone. Nous avons pris cela à la rigolade tout en confisquant son téléphone…

Il doit encore progresser dans son autonomie mais en même temps il est bon de voir ses progrès.

Il est évidemment très autocentré et nous devons parfois lui rappeler notre existence. C'est ce qui est le plus compliqué avec un ado je trouve : faire de lui une personne empathique et à l'écoute des autres. 

Il est plein de rêves et d’envie, ce qui est bon signe à cet âge et c’est notre rôle de l’aider à faire grandir ses rêves.

Il s'est bien intégré, a des chouettes copains. il n' y a eu aucun problème de violence ou de harcèlement à déplorer...

Nous ne regrettons pas notre choix de l’enseignement public. L’année de 6 ème est de toutes façons un tournant dans la vie des enfants et des parents. Mais elle ne déroge pas à la relation parent-enfant fondée sur la confiance et l’accompagnement. 

L’autre jour, quelqu’un disait que le parent est l’arc et que les enfants sont les flèches. J’aime bien cette métaphore sur laquelle je vous laisse méditer.

Bon courage aux parents dont les enfants entrent en 6ème à la rentrée prochaine et à ceux dont les enfants terminent cette semaine avec cette première année dans la cour des grands.



7 commentaires:

cailliaux sandra a dit…

je croirais lire le comportement de mon Louis à plusieurs égards.
J'ai ri pour la vidéo youtube sur la TV, ça nous est arrivé aussi. On l'a puni aussi bien que cela nous a rire intérieurement.
Ils sont devenus grands nos loulous!

LesLivresdOscar a dit…

Alors tout d'abord un grand bravo à lui pour cette première année réussie et à vous en tant que parents. On sent dans tes mots que vous êtes très attentifs à sa réussite et à ce qu'il ait des valeurs solides.
Ca laisse néanmoins présager le pire pour les enfants qui n'ont pas de parents solides à la maison : si on ne peut pas compter sur les professeurs dans certaines matières, qui va les faire travailler ou les recadrer ?

Pour ce qui est de l'absentéisme, je dois t'avouer être toujours sceptique en ce qui concerne le jugement des personnes. Dans tous mes boulots, j'ai rencontré des cas où les gens devaient s'absenter beaucoup, par exemple pour des raisons de santé, des problèmes familiaux etc... La vraie problématique est l'absence de réactivité de l'Education Nationale et le manque de profs au niveau national, pour moi. Je ne dédouane personne, mais les réalités derrières les absences sont parfois difficiles à comprendre de l'extérieur.

Pour ce qui est de ses bêtises, quel coquin ! Après cela reste des bêtises "saines", c'est toujours délicat quand la sécurité est en jeu et ça montre que même s'ils grandissent vite, il reste un petit grain de folie enfantin là-dedans !

Pour nous c'est la fin du collège et l'entrée en cp... deux grands pas qui nous mettent une grosse pression !

Anonyme a dit…

Ohhh j adore !merci car ma fille ma toute petite😆😆😕 lya rentre en 6 iem la aussi.... ca passe trop vite ton texte m a rassurer... vraiment ... par contre le truc you tube sur la tv je le veut bien !je connait pas cette apli😆 dur de les voir devenir de plus en plus autonome j ai commencer cette annee lya est rentrer apres l ecole puis une demi journee ... ca se passe bien mais a un tel aussi et je lui laisse un mot a chaque ...qu elle a du mal a lire...je la "gave"un peu mais j en ai qu une alors ... biz merci et bon w end♡♡♡ lyly cora

madamezazaofmars a dit…

J'aurai pu écrire certains de tes mots et mon ressenti ressemble au tien sur pas mal de points. Ca transforme nos enfants et ça nous transforme aussi. Ici aussi l'empereur passe en 5 eme et je suis heureuse quand même que les vacances arrivent. On peut se dire que maintenant on est rôdé à l'exercice pour les suivants, ou presque ;-)
Bravo à lui en tout cas et a vous d'avoir été aussi présent !

Kid Friendly a dit…

Encore un an pour nous avant cette grande étape. J’ai pas super hâte. Je ne suis pas sûre d'être prête à la lâcher. J’ai vu chez les copines que les nains en profitent souvent pour tester à fond les limites. Le coup du cours de guitare m’aurait notamment mise en furie.
Bravo pour la classe européenne !

Anonyme a dit…


Quel joli post ! Bravo à vous pour avoir été là pour accompagner votre grand et pour l'épauler et Bravo à lui pour tous ces progrès ! C'est un chouette bilan que voilà.
Il va attaquer la 5ème serein et confiant.
De notre côté lassé des aléas du public et du manque de respect envers les enfants et les familles, nous avons fait le choix du privé pour la 6ème et nous ne regrettons vraiment pas ! Notre fille y a été bien mieux, les enfants sont vraiment bien encadrés et suivis, jamais livrés à eux-mêmes, il n'y a pas d'absentéisme ou rarement et les heures sont alors utilisés par d'autres professeurs pour avancer sur le programme. La moindre difficulté de l'élève est repérée et tout de suite prise en charge. Vraiment on en est content et notre fille aussi. Elle a fait un très bon collège ses résultats ont augmentés de façon vraiment impressionnantes (elle aime apprendre çà aide aussi) dans quelques jours elle passera les écrits du brevet et l'an prochain elle partira pour le Lycée, toujours en privé, c'est elle a qui a choisit (pour rien au monde elle ne voudrait retourner au public) et elle a hâte.
C'est fou comme ces années 'charnières' nous mettent un coup de vieux à chaque fois !... et comme le temps passe vite.

Anonyme a dit…

Il a franchi un cap, plus d'autonomie, plus de liberté mais aussi plus de responsabilité, il apprend des autres, de tout ce qu'il voit, qu'il entend mais aussi et surtout de tout ce qu'il veut car il peut faire déjà beaucoup de choix. Il vient d'entrer de pleins pieds dans l'école de la vie.


Papito