J’ai toujours su que je voulais des enfants.
J’ai aussi toujours su que je voulais travailler, avoir un
métier dans lequel je m’épanouirais.
J’ai toujours su que l’un n’irait pas sans l’autre.
Pourtant comme de nombreuses femmes de ma génération, il n’a
pas toujours été aisé de concilier ma vie de maman et ma vie professionnelle.
Comme beaucoup, j’ai fait des longues études afin d’avoir un
boulot qui me plairait mais comme beaucoup j’ai eu du mal à me placer sur le
marché du travail.
A 28 ans, j’ai commencé à travailler mais ce n’est qu’à
partir de 34 ans que j’ai commencé à m’épanouir professionnellement.
Mon premier enfant a été placé chez une nourrice à 3 mois et
demi et au bout de quelques mois de ce système, j’ai choisi de démissionner. D’abord
parce que nous n’étions pas satisfait de notre nounou, ensuite parce que faire
garder un enfant à Paris est très compliqué et enfin parce que ma carrière me
prenait trop de temps pour un emploi peu épanouissant. J’ai enchainé avec les
emplois précaires, je suis retombée enceinte, j’ai encore (beaucoup) galéré
vivant parfois avec à peine 600 € par mois de revenus personnels…
Mais cela m’a permis de réfléchir à ce que je voulais et à
ce que je ne voulais pas. Ma carrière n’avait pas vraiment pris le chemin dont
j’avais rêvé, je m’étais révélée dans mon rôle de mère mais je voulais aussi
gagner ma vie et avoir un travail.
J’ai pris du temps, certains de mes proches m’ont soutenue
(mon mari ou ma maman notamment), d’autres n’ont pas forcément compris où je
voulais en venir mais petit à petit j’ai construit mon chemin. J’ai forcé ma
chance, rencontré des personnes qui m’ont faites confiance, je me suis
affirmée, j’ai revu mes orientations et essayé de me remettre en question.
Le monde n’était pas exactement comme je l’aurai espéré mais j’avais aussi à faire des choix, à admettre des erreurs de parcours.
Ainsi j’ai compris que je voulais garder mes mercredis avec
eux et être cette maman du mercredi dont je vous avais parlé.
J’ai choisi d’exercer une activité indépendante qui me procure
un équilibre nécessaire, je suis donc devenue instructrice en massage bébé.
J’ai aussi compris que je ne pourrais pas en vivre et quand on m’a proposé d’intégrer Parole de mamans quelques jours par semaine, j’ai accepté ce travail salarié dans un univers bien différent de celui dans lequel j’aurais pensé évoluer… On m’a fait confiance et j’ai parfois soulevé des montagnes pour atteindre ce que je suis.
Mais chacun des chemins qui se sont offerts à moi m’ont
procuré beaucoup de plaisir et c’est ainsi que j’ai construit mon équilibre
entre une vie perso et une vie pro.
Aujourd’hui à 41 ans, j’ai trois enfants dont un bébé, je
suis avec eux le mercredi, je suis instructrice en massage bébé certains jours
par semaine et j’ai un métier où j’ai des responsabilités alors même que je n’y
suis que 3 jours par semaine avec en plus des horaires aménagés !
Mais cette semaine j’ai encore lu des témoignages
effroyables sur le monde du travail et particulièrement sur ce qu’il offre aux
femmes qui veulent être mamans et travailler.
Tout est parti d’une story suivie d’un post sur Instagram et
d’un article de Paule du blog By Paulette qui enchaine les contrats précaires
et qui a beaucoup de mal à trouver un emploi dans son domaine (elle est
directrice de clientèle dans la communication) car elle doit partir à 18h pour
aller chercher ses enfants.
Elle ne demande pas ses mercredis, elle ne demande pas un-mi-temps,
elle ne demande même pas d’arriver à 10h comme la plupart de ses collègues sans
enfants… Non elle demande juste de faire ses horaires et de pouvoir quitter son
emploi à un horaire .
raisonnable car elle veut s’occuper de ses enfants le soir,
prendre à cœur son rôle de mère de la même manière qu’elle prendra à cœur sa
place dans l’entreprise.
Et je vous avoue que cela m’a touchée de voir qu’en 2018
alors que beaucoup de catégories de personnes ont obtenu des droits parfois
bien plus controversés, il y ait encore des employeurs qui pratiquent la
culture du « présentéisme ».
Ce n’est pas nouveau dans notre pays qui a longtemps relégué
les femmes au second rang en leur proposant d’abord de rester au foyer puis
ensuite d’accéder au marché de l’emploi selon des règles basées sur la
compétition et l’entre soi… Et on a évidemment donné le droit de travailler aux
femmes à condition qu’elles restent de bonnes mères…
C’est ainsi que ces messieurs avaient pris l’habitude de
travailler tard. Cela faisait tellement bien de partir aux aurores, de ne pas
rentrer avant 20h et de se mettre les pieds sous la table… Attention si
beaucoup étaient des bêtes de travail, il y avait aussi pendant des années une
véritable culture de la présence en entreprise entre réunions interminables,
déjeuners débonnaires de 3 h et éventuellement petit 5 à 7 avec la secrétaire
au passage…
Ce monde que l’on veut nous imposer est pourtant aujourd’hui
totalement obsolète : les hommes veulent plus participer à l’éducation de
leurs enfants, les femmes ont envie de choisir, les petits jeunes arrivent
souvent à 10h, font plus de pauses que leurs aînés et partent aussi bien à 20h
qu’à 17h…
Le monde est en mouvement et il ne faut pas juger la
quantité mais la qualité. On ne peut pas discriminer quelqu’un pour sa culture,
sa couleur de peau ou son origine alors pourquoi le faire parce
qu’elle doit partir à 18h récupérer ses enfants ?
Il faut évoluer et se rendre compte qu’on ne juge pas l’efficacité
d’une personne à ce genre de critères…
Les mentalités changent dans le public mais elles restent
figées chez les Manager…
Je n’aurais jamais pu arriver à aménager mes horaires et à
avoir pourtant des responsabilités si je n’avais pas un employeur qui avait une
vision moderne du monde. Notre relation
est basée sur la confiance mutuelle.
Et à mesure que le temps passe, nous savons que nous avons
eu raison de fonctionner ainsi. Il n’est pas honteux de partir à 18h ou plus
tôt si on est investi dans son travail… Je ne claque pas la porte de mon bureau
en négligeant mes dossiers quand je pars le mardi soir par exemple… Je sais
tenir les délais s’il le faut, je ne délaisse aucun projet, ne suis pas en retard
sur les timings. Je sais que j’ai à faire quand j’ai à le faire… J’ai une petite équipe et on travaille
en synergie. Même quand je ne suis pas là, elles savent qu’elles peuvent
compter sur moi.
Je suis revenue de congé maternité il y a 3 semaines et j’ai
retrouvé mon poste, mon rythme de travail et on m’a même confiée de nouveaux
projets !
Un peu comme on choisit d’être maitresse de son corps avec
notamment le #metoo, j’aimerais que les femmes (et les hommes) puissent choisir
d’être maitres de leur travail… Il faut dépoussiérer les vieux schémas, faire
confiance aux parents qui veulent travailler et bien s’occuper de leurs
enfants.
La mère qui veut rentrer à 18h ne se tournera pas les pouces en rentrant chez elle, elle prépare souvent l’avenir du monde (et le diner aussi !).
La mère qui veut rentrer à 18h ne se tournera pas les pouces en rentrant chez elle, elle prépare souvent l’avenir du monde (et le diner aussi !).
Et puis il est de notoriété publique que la mère qui part
plus tôt chercher ses enfants est souvent un élément central de son entreprise
car elle est organisée, travailleuse et épanouie finalement.
Est-ce que les compétences, l’envie de faire bien son
travail, l’enthousiasme, la créativité, la particularité de chacun ne devraient
pas être les seuls éléments à prendre en compte dans une embauche et non pas l’âge,
la couleur de peau, le fait qu’on habite en banlieue, le sexe ou le fait qu’on
doive partir à 18h ?
Je suis convaincue que pour être riche et performante une
entreprise ne doit seulement mettre à disposition de ses employés des
infrastructures, des salles de sports, des ordis mais plutôt tenir compte des
personnalités de chacun de ses employés et ainsi adapter sa façon de
fonctionner…
Plutôt que d’avoir des gens qui fonctionnent tous selon un même moule, il faut privilégier l’humain…
Un peu comme le #metoo on pourrait lancer un #worktoo
Bonne chance à Paule dans sa recherche d’emploi !